Le retour de ce poderoso trio était aussi attendu que le jaillissement d’un geyser dans le désert d’Andalousie. Il y a six ans, Gaspar Claus, Pedro Soler et Inés Bacán sortaient en toute discrétion l’album Serrana. Un choc pour ceux qui l’ont écouté ou ont assisté aux rares apparitions live du trio à l’époque. Le premier, Gaspar Claus, est un violoncelliste français toutterrain, riche d’une multitude de projets et de collaborations, qui aura attendu 2022 pour sortir un premier album sous son nom. Le deuxième est l’un des immenses guitaristes du flamenco du xxe siècle, dont il a accompagné les grands noms, chanteurs et danseurs, avant d’imposer le sien. Il est aussi le père du premier (ils ont enregistré deux albums ensemble). La troisième est une légende du chant flamenco contemporain, descendante et digne représentante d’une illustre lignée de musiciens gitans andalous, le “clan des Pinini”. Inés Bacán a commencé à chanter tardivement, à près de 40 ans. Elle en a gardé une retenue dans la puissance, une faculté à exprimer l’indicible, ce qui, chez d’autres, serait resté silence. Un volcan de chant, dont la guitare de Pedro Soler et le violoncelle de Gaspar Claus magnifient l’éruption.
En ouverture, le guitariste Alban Lorini et ses complices de la Cie Kõ-sentire (Alberto García et Melchior Campos au chant, Eva Luisa et Mathilde Antón à la danse, Juan Manuel Cortés aux percussions) orchestrent une circulation sensible entre sons, rythmes et silences, regards et mouvements : sous l’égide brûlante du flamenco, un nouvel art d’être au monde ensemble.
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